D’où l’importance d’être sur le bon braquet
EPISODE n° 1
Avertissement :
1/ c’est un « vieux » de 60 ans, non médecin qui a écrit ces lignes.
2/ Les chiffres de puissances développées sont issus des « équations de la mécanique ». Les coefficients ont été piochés sur Internet et donnent des résultats tout à fait similaires entre 2 sources différentes et ont une certaine cohérence avec les résultats de nos ECG d’efforts..
Néanmoins, nous savons bien que la réalité de nos conditions de roulage n’offre pas la stabilité absolue que donne celle des chiffres. Ils restent comparables entre eux mais sont quasiment impossibles à retrouver lors d’une sortie. A l’inverse d’ailleurs, certains équipements permettant d’informer le cycliste de la puissance qu’il est en train de transmettre pourraient, grâce à un travail minutieux de relevés de mesures, permettre de calculer plus précisément certains coefficients dont en particulier celui lié à l’aérodynamisme d’un tandem. Pour ce qui suit j’ai « dégradé » celui d’un vélo solo car rien n’existe pour un tandem.
1/ Position du problème
1.1/ Introduction
Aussi bien dans un RTT, que dans un « tandem pour la vue » mais aussi dans une simple sortie en meute, qui n’a pas ressenti la frustration qu’ « on le l’attend pas » ou à l’inverse qu’ « ils n’avancent pas » !
Introduire dans ce qui suit une dose de rationalité va je l’espère calmer les passions qui quelques fois bouillonnent plus dans nos jambes que dans nos têtes !
L’aviez-vous réalisé ?
Un petit km/h d’écart entre 2 cyclistes c’est un écart de 17m (7 tandems de long !) qui se creuse toutes les minutes. Bien avant un tel écart, celui qui est derrière se dit « on se fait larguer » !
Un arrêt « de rien » pour un pipi ou une crevaison durant 15 min va créer un écart de 6 km avec un peloton roulant à 24 km/h de moyenne. Il faudra au(x) rattrapeur(s) 2 heures d’efforts intenses à 27 km/h de moyenne pour recoller au peloton !
L’aviez-vous remarqué ?
En tandem passer de 26 à 29 km/h, quand on roule à son rythme, demande, pour 3 malheureux km/h de plus donc, d’effectuer un effort supplémentaire notable dans les jambes sur le plat et est même souvent impossible à obtenir dans une cote au-dessus de 3% de pente !
1.2/ Allez, mettons quelques chiffres derrière cela !
Le saviez-vous ?
La puissance développée par un tandem « bi-mâle » entraîné est d’environ 500W. Un tandem fort et entraîné va atteindre les 700W alors qu’à l’opposé un tandem débutant aura des difficultés à atteindre les 300W. Et une « féminine » c’est en général, ce qui est un peu difficile à qualifier (je les entends déjà! !), 20% de puissance en moins que son collègue garçon.
De plus, nous savons que « rouler à fond » est impossible bien longtemps. Pour durer, probablement que seulement les 2/3 (certains disent les ¾) de notre puissance disponible est utilisable.
Le saviez-vous, encore ?
Rouler à 25 km/h sur le plat va demander environ 180W (cool !) tandis que pousser à 30 va exiger 100W de plus. Ho, ho !
Dès 1% de pente, à 25 km/h il vous faudra passer de 180W sur le plat à un petit 300W alors que dans une descente toujours à 1% il ne vous faudra plus que 60W (ouf !).
Il ne reste maintenant plus qu’à vous indiquer que 10 km/h de vent de face à 25 km/h de vitesse de progression équivalent à une pente de 2% tandis qu’avec un vent de face de 20 km/h vous n’arriverez pas à maintenir ce 25 km/h car cela équivaux à une pente de 6% (il faut quasi 900W !).
1.3/ Alors c’est du chacun pour soi ?
« Ben dames non ! », pas obligatoirement !
C’est bien sûr aux organisateurs de créer au moins un groupe de « gros mollets » et un de « petits braquets ». Et le lecteur se rendra tout de suite compte que même dans chacun de ces groupes il y aura encore des frustrés « largués » et des frustrés « en tête » .
Alors, oui, il faudra toujours que les relativement plus forts du groupe s’adaptent.
Pour autant ne croyez pas que les relativement plus faibles n’aient rien à faire ! Et comme nous savons rarement à l’avance comment on va se situer dans un groupe, tout ce qui va suivre est utile à tous mais devient crucial si on se retrouve dans les plus faibles !
Les actions à mener se décomposent en 3 parties, la première revient à évaluer l’exigence du trajet, la deuxième recouvre la gestion de notre corps (pilote et stocker même combat !) et la troisième la gestion de l’outil tandem.
2/ Points clés d’un trajet
Le plus évident c’est sa distance à parcourir donc sa durée probable, en utilisant le classique 20 km/h de moyenne..
Le 2ème c’est « est-ce qu’il y a beaucoup de cotes ? » ce qui se traduit souvent en un chiffre, celui du cumul des dénivelés positifs (D+)
Le 3ème est-ce qu’il y a beaucoup de km de cote(s) dont le pourcentage excède les 5% … et les 10%.
Plus haut on a vu l’influence du paramètre % pente !
Si l’organisateur a utilisé un site Internet tel qu’openrunner.fr toutes ces informations seront disponibles. Sinon, bah c’est plus ou moins au « « doigt mouillé » en observant attentivement une carte détaillée, mâtiné de peut-être l’expérience de participant(s) !
A ce point je vais donner quelques ordres de grandeurs que chacun trouvera sûrement discutables mais tant pis ! En tout cas je ne vais pas donner de chiffres absolus car ils dépendent beaucoup de chacun et de son entraînement, voire de la météo. Ce préambule établi je dirais que :
On ne fait pas 100 km dans la journée, même sur du plat, surtout s’il y a plusieurs journées qui suivent la 1ère, sans avoir acquis un certain entraînement, le « mal aux fesses» (terme impropre mais tout cycliste sait de quoi je veux parler, les filles pouvant avoir un problème supplémentaire) mais aussi aux poignets étant parmi les difficultés à gérer.
Même avec de l’entraînement, une journée à 1500 m de D+ et 110 km est une grosse journée
On sent dans les jambes toutes les déclivités même les plus minimes (voir plus haut) mais sous 2% les cotes, même longues, s’avalent, de 3 à 6% il faut commencer à gérer suivant sa longueur, à être sur un braquet correct et, au-delà de 7% le tandem peu entraîné va « caler », si la pente est trop longue : il faudra faire une pause !
Article écrit par Alain Molho
la suite dans quelques jours